Hommage à Marianne Faithful

Marianne Faithfull s'est éteinte le 30 janvier 2025. Dans ce portrait sensible, Sandrine Bonnaire ravive la mémoire de l’ex-égérie du Swinging London, devenue une musicienne accomplie, et saisit l’élan vital qui lui a permis de traverser les épreuves avec une liberté inébranlable.

Repérée à 17 ans par le manager des Rolling Stones alors qu’elle sort à peine d’un pensionnat catholique, Marianne Faithfull enregistre As Tears Go By et devient une figure emblématique du Swinging London. Avec son mélange de fragilité et de sex-appeal, elle partage la vie tumultueuse de Mick Jagger et du groupe, entre scandales, pression médiatique et drogues. Après leur rupture en 1970, elle s’abandonne à une errance marquée par l’excès, inspirée par Le Festin nu de William S. Burroughs. Malgré ces années de marginalité et d’addiction, sa passion pour la musique la guide vers une renaissance artistique : elle façonne un style personnel, s’éloignant de l’image lisse de ses débuts pour devenir une chanteuse à la voix rauque et à l’intensité singulière, assumant pleinement ses choix et ses blessures.

Sans détour, Marianne Faithfull confie à Sandrine Bonnaire son scepticisme face à l'idée d'un film sur elle : "Mais je ferai de mon mieux. Je serai honnête." Déjà remarquée pour son portrait de Jacques Higelin (Ce que le temps a donné à l’homme), la réalisatrice capte avec délicatesse la complexité de son sujet : ses moments de fatigue, d’agacement ou d’appréhension face à des souvenirs douloureux, qui rendent d’autant plus précieux les instants où la chanteuse se livre avec générosité. À travers des entretiens bouleversants et un montage d’archives poétique, Sandrine Bonnaire met en lumière la force créatrice qui a porté Marianne Faithfull tout au long de sa carrière, lui permettant de s’imposer dans un milieu encore marqué par la misogynie des années 1960. Un portrait intime d’une femme libre, à la sensibilité à fleur de peau et à l’humour indéfectible.